Fable asine d'automne
Mes amis, il me faut choisir quelle Dominique
sera évoquée avec tendresse dans cette fable
celle des Villes, des Champs, toutes deux unique
à confondre, serait un malentendu regrettable
L’histoire se déroule au Sud, au-delà des Causses
les Cévennes, région retirée, oubliée des atlas
dont les livres racontent des histoires fausses.
Malgré tout, une aventurière belge y prit place
Me voici en route avec Dominique et les enfants
respirer enfin l’air pur des collines cévenoles,
rompre avec le rythme de notre vie, éreintant,
les mômes autorisés à oublier devoirs et école
Comme il ne peut y avoir de fables sans animaux
et que la Domi des Champs bon nombre en élève
le protagoniste de l’histoire ne sera point Domino,
mais deux ânes dont une jeune, en montée de sève
Un matin nous voici sur le chemin des Camisards,
accompagnés de Zaza, l’âne de bât fidèle et sage
et sa fille Venus, pas la déesse mais l’ânesse bizarre
dont Dominique se voit ainsi chargée du dressage
La caravane se met en route et d’emblée Vénus
s’accommode très mal de sa maîtresse du jour,
secoue la tête et tire le mord de plus en plus.
Et la guide lui adresse la parole sans humour
C’est l’absence de votre père qui vous incommode ?
Mais les familles recomposées sont courantes
les mères sans maris devenu même à la mode.
Vénus très nerveuse, ne semble guère contente.
Etre végétarien est un choix, pas une contrainte
même herbivore, exigez de la viande, c’est un droit
vous êtes libre !
cria Dominique sans crainte
mais l’âne s’agite toujours et tire sur la courroie
Devant, Zaza mène le train, chargée des cabas
et ignore les démêlés de sa fille et Dominique
Perplexe, vexée, la thérapeute repasse les plats
s’adresse encore une fois à la jeune bourrique.
Dans les campagnes, vivre dans un chancre
est chose normale, comme manquer l’école
les oreilles d’âne ne sont pas celles du cancre
ce sont des images d’Epinal, des symboles.
Furieuse, Vénus accélère encore la cadence
hennit cette fois en signe de désapprobation
Tata Domi entraînée dans un pas de danse,
mais ne lâche ni la bride ni la conversation
Freud analyserait votre refus de dialogue
mieux que moi, pas en vers mais en prose
mais en tant que spécialiste et psychologue,
je perçois en vous bon nombre de névroses
Ma chère, vous ne serez jamais une jument
le frêle palefrenier paraîtra toujours bien nul
lorsque sur votre échine il posera fièrement
la selle d’un piètre petit chevalier ridicule
L’ânesse rue alors des deux pattes arrière
Dominique déséquilibrée me tend les rennes
De dressage, à vous dire, je n’ai pas de carrière
Et je laisse le temps que l’animal m’apprenne
Passée devant sa mère, la jeune quadrupède
avec une évidente fierté, change d’attitude
voilà qu’à trouver le bon chemin elle m’aide.
Tout devant en silence, nous prenons l’altitude
L’homme, dit la fable, est vrai un mammifère
l’enfant aimé que nous pensons devoir conduire
grandit s’affranchit ainsi de son père et sa mère
Passant devant nous, n’oubliera pas de sourire
Par Michel
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